La stratégie de Shell face aux enjeux climatiques
Face aux critiques concernant son impact sur l’environnement, le géant britannique du pétrole et du gaz Shell a annoncé jeudi dernier le maintien de sa stratégie climatique présentée en 2021. Dans une mise à jour de cette feuille de route dédiée à sa transition énergétique, la compagnie envisage même d’ajouter de nouvelles mesures pour atteindre ses objectifs.
Concrètement, Shell vise toujours à réduire de moitié les émissions polluantes générées par ses propres opérations d’ici 2030 par rapport à 2016. Le groupe prévoit également de diminuer les émissions générées par l’utilisation de ses produits pétroliers par ses clients de 15% à 20% d’ici 2030 par rapport à 2021. De plus, Shell compte désormais réduire l’intensité carbone nette des produits énergétiques vendus, passant d’une réduction de % à une nouvelle cible de réduction de %.
Investissement dans les énergies faibles en carbone et réduction des émissions de méthane
Shell confirme également ses projets d’investir entre 10 et 15 milliards de dollars dans les systèmes énergétiques faibles en carbone d’ici fin 2025. En ce qui concerne le méthane, deuxième principal gaz à effet de serre lié à l’activité humaine après le dioxyde de carbone, Shell affirme être leader en réduction d’émissions. L’entreprise indique avoir diminué les émissions de méthane de % depuis et vise à atteindre un niveau proche de zéro.
Shell fait partie, avec onze autres entreprises, de l’Oil and Gas Climate Initiative visant à réduire les émissions de leurs actifs à un niveau nul. Cependant, les émissions mondiales de méthane provenant de l’industrie des combustibles fossiles restent à des niveaux records, loin de la réduction de % nécessaire pour respecter la limite de réchauffement de 1,5 degré Celsius fixée par l’Accord de Paris.
Une stratégie contestée face aux défis environnementaux
L’actualisation de cette stratégie intervient alors que Shell est sous pression depuis plusieurs mois suite à de nombreuses critiques de la part d’organisations environnementales. En effet, en janvier dernier, des investisseurs avaient annoncé soumettre une résolution pour forcer Shell à aller plus loin dans ses objectifs climatiques et aligner les émissions de gaz à effet de serre sur les objectifs de l’Accord de Paris.
Pourtant, malgré ces attaques, Shell annonce aujourd’hui un renversement de tendance dans ses efforts pour améliorer son empreinte écologique. Par exemple, le groupe prévoit de limiter la réduction de l’intensité carbone nette de ses produits. Au début de l’année dernière, alors qu’il avait annoncé vouloir miser davantage sur les énergies renouvelables, Shell a décidé de changer sa stratégie en se détournant de l’électricité. Ainsi, l’objectif initial d’une réduction de 20% minimum de l’intensité carbone entre 2016 et 2030 est désormais ramené à 15-20%. De plus, cette baisse devait atteindre initialement 45% d’ici 2035.
Augmentation prévue de la demande mondiale en GNL
Shell s’attend à une croissance de la demande mondiale en gaz naturel liquéfié (GNL) « au moins jusqu’à dans les années 2030 ». Par conséquent, la compagnie prévoit d’augmenter son activité GNL de 20 à 30 % d’ici 2030 pour répondre à ces besoins. Toutefois, la prise de conscience environnementale de l’entreprise l’incite à chercher des moyens de minimiser l’impact écologique des véhicules à moteur.
Les réactions face à la stratégie de Shell
Les internautes n’ont pas tardé à réagir aux annonces de Shell concernant ses objectifs climatiques. Certains estiment que le problème vient avant tout de la demande en énergie fossile et jugent les entreprises pétrolières uniquement intéressées par leur rentabilité. D’autres soulignent que l’utilisation de GNL permet déjà de réduire les émissions de CO2 et autres polluants toxiques.
Face aux défis environnementaux actuels, certains proposent des solutions chocs comme l’instauration d’une taxe européenne de 100 % sur les profits tirés des énergies fossiles. D’autres rappellent que la demande en GNL risque de s’intensifier en raison de la crise russo-ukrainienne qui a interrompu brutalement le transit du gaz via les pipelines.
Quoi qu’il en soit, il est clair que l’évolution de la stratégie climatique de Shell et son impact sur l’environnement seront suivis de près par les acteurs concernés, aussi bien les investisseurs que les organisations écologistes et les consommateurs.