Le 13 janvier 2024, un décret du ministère turc du Commerce a établi des critères stricts pour les importateurs de véhicules électriques en Turquie, particulièrement visant les constructeurs chinois. Cette décision fait suite à une hausse significative des ventes de voitures électriques dans le pays, avec une augmentation de dix fois en 2023 par rapport à 2022.
Les nouvelles règles imposées aux importateurs de voitures électriques chinoises
Selon ce décret, les entreprises important des véhicules électriques en Turquie doivent disposer d’au moins 140 agences autorisées réparties uniformément sur tout le territoire et ouvrir un centre d’appels pour chaque marque. En outre, les marques ont jusqu’à fin décembre pour se conformer à ces nouvelles restrictions. Cette mesure s’ajoute à une taxe douanière existante de 50% sur les importations de véhicules électriques chinois, marquant une escalade significative dans la gestion par la Turquie des importations de ces produits.
Impact sur les fabricants chinois et les relations commerciales
La popularité croissante des voitures électriques en Turquie rend cette décision particulièrement percutante. Selon BNN Bloomberg, entre janvier et octobre 2023, la Chine a exporté pour 184 millions de dollars de véhicules électriques vers la Turquie, soit presque le double du total pour 2022. Selon Ismail Ergun, directeur général de BYD Turkey, si cette règle est appliquée, leurs véhicules pourraient devoir attendre plusieurs mois à la frontière.
Positionnement stratégique de la Turquie par rapport à l’Union européenne
La décision turque intervient dans un contexte où l’Union européenne exprime des préoccupations concernant la compétitivité des constructeurs chinois qui bénéficient, selon les accusations européennes, d’une concurrence déloyale due aux subventions gouvernementales. La Turquie prend ainsi une position ferme pour réguler l’afflux de voitures électriques chinoises sur son marché.
Réactions et réflexions sur ces mesures protectionnistes
Selon Kagan Dagtekin, distributeur spécialisé dans la marque MG, bien que la logique derrière la régulation soit correcte, il faut veiller à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. D’autres acteurs du secteur soutiennent que, pour vendre des voitures dans un pays, il faut disposer de concessions appropriées avec des centres d’entretien et de pièces détachées.
Analyse du protectionnisme douanier
La taxe douanière de 50% sur les importations chinoises peut sembler excessive, mais elle pourrait correspondre au déficit commercial entre les deux pays. Il est également possible que cette taxe soit une mesure de protection douanière pour éviter la réexportation sournoise de véhicules vers l’Union européenne, situation que la Turquie souhaite à tout prix éviter.
Un choix stratégique et audacieux
En définitive, la décision prise par la Turquie s’inscrit dans une démarche stratégique visant à protéger son marché intérieur, tout en positionnant le pays comme un acteur clé dans la régulation des importations de voitures électriques chinoises. Cette mesure radicale souligne la nécessité pour les constructeurs internationaux de voiture électrique de s’adapter aux nouvelles réalités du marché et prend en compte les préoccupations environnementales et économiques dans un contexte concurrentiel mondial qui ne cesse d’évoluer.